Fiche de lecture de l’acte I de Lorenzaccio à travers le thème du masque, de la dissimulation
Le thème du masque jonche la totalité de l’oeuvre de Musset. Il est particulièrement présent à l’acte I.
Tout d’abord, il faut savoir que ce dernier fonctionne selon cinq binômes qui sont les suivants :
- Masque et honnêteté
- Efficacité et masque
- Masque et identité
- Sincérité et masque
- Révélation et vide
Etude du thème du masque dans la pièce de Musset
En aucun cas, le thème du masque ne peut avoir lieu seul, cela n’aurait aucun sens. En effet, le masque, la dissimulation est mise au service de la ruse. Le masque est un moyen efficace pour parvenir à ses fins et il trompe les autres personnages. Seul le spectateur est au courant de ce stratagème. Le masque devient donc, en quelque sorte, l’allié du spectateur.
Le thème du masque est visible dès la première scène de l’acte I. De ce fait, le metteur en scène insiste lourdement sur le regard, miroir de l’âme. On retrouve donc le thème de l’apparence mais aussi des questions philosophiques. L’apparence sert alors à masquer sa véritable nature.
Elle est aussi une dénonciation de l’hypocrisie de gens de la Cour. Musset marque donc un fort paradoxe entre l’intérieur (l’âme d’un être humain) et l’extérieur (l’apparence physique de ce même être humain). Le regard serait, dès lors, le seul moyen d’accéder aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Seul Lorenzo, le libertin, est capable d’une telle prouesse. Ce donc lui permet de parvenir à ses fins et d’illusionner les autres personnages de la pièce.
Dans la deuxième scène de l’acte I, le thème du masque est explicitement traité dans la mesure où il s’agit d’un masque carnavalesque. Dans l’imaginaire collectif, ce masque a pour fonction ultime de se déguiser afin de ne pas être reconnu par les autres convives. Dans le cas de Musset, la fonction du masque carnavalesque va bien au-delà.
De cette façon, il est un outil efficace pour affirmer sa véritable personnalité sans être pris au sérieux et sans que la réputation du personnage soit ternie. Il est également un moyen d’apprendre de nouvelles choses en toute discrétion. La marquise Cibo est la seule qui a bien compris cet élément.
La scène 4 de l’acte I nous présente une nouvelle catégorie de masque : celui servant à tromper les autres et nommé le masque ostensible. Lorenzo est la figure la plus révélatrice à ce sujet. Aux yeux de tous, il se fait passer pour un débauché qui ne vit que pour Alexandre. Pourtant, sa véritable nature en est en tout point opposée et il n’agit comme cela que pour une seule raison : réussir à le tuer. Le masque dissimule donc la vérité et est au service de l’intrigue.
La véritable nature de Lorenzo ne serait dévoilée qu’à la toute fin de la pièce. Le masque est alors une véritable arme. Il finira par tuer involontairement la mère du protagoniste ne supportant plus de voir agir son fils de cette façon. Cette dernière n’a pas su interpréter les signes et n’a donc pas compris que son fils déguisait sa véritable nature.
Le masque est donc intimement lié à des destins tragiques. Il semble dépasser tous les personnages et même celui qui s’en sert. Au final, il finit par faire partie intégrante du personnage qui a du mal à s’en défaire.
Le thème du masque, de la dissimulation est donc primordial dans l’oeuvre de Musset. Les indices nous permettent d’entrevoir le véritable dessein de ses personnages mais les personnages, eux, restent leurrés. Plus encore, parfois le personnage utilisant le masque se sent dépassé et ne parvient pas à retrouver sa véritable nature. Le masque devient alors une source d’emprisonnement.