Le roman les Liaisons dangeureuses évoque des histoires de séduction, mais aussi de pouvoir. En réalité Laclos a cherché à dénoncer une véritable lutte entre deux sexes complètement opposés. L’intrigue est dépeinte à travers des lettres, qui sont au nombre de 175. C’est à travers celles-ci que le lecteur découvre les envies, les actes mais aussi les pensées profondes de chacun des personnages présents.
L’histoire du livre Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos
Ce roman épistolaire montre la conquête de deux femmes la pieuse Tourvel et Cécile de Volanges. Ce sont deux libertins, Valmont et la marquise Merteuil qui vont tenter de les conquérir. En effet, on apprend rapidement que Cecile était au couvent il y a peu de temps. Elle se trouve fiancée au comte de Gercourt, qui est un ancien amant de Merteuil.
Celle-ci se voit vexée par l’abandon de Gercourt et promet donc une vengeance. Elle décide d’inciter Cécile au vice avant que celle-ci ne se marie. Cependant, elle ne peut agir seule et a besoin d’un homme capable d’écouter et d’appliquer ses plans à la lettre. Elle pense alors au vicomte de Valmont, qui va refuser son offre. Effectivement, il cherche quant-à lui à séduire Madame de Tourvel et ne souhaite pas se consacrer à d’autres séductions. Cette dernière ne succombe pourtant pas à ses charmes.
En plus d’avoir reçu des avertissements de la part de Madame de Volanges, la mère de Cécile quant au personnage peu scrupuleux qu’est Valmont, Madame de Tourvel est pleine de valeur. Elle est très pieuse et fidèle. Valmont ne parvenant pas à ses fins, va tenir Madame de Volanges pour responsable. Il décide de se venger en séduisant sa fille et accepte alors la proposition de la marquise. Il veut également satisfaire son ancienne maitresse qu’est Merteuil. La séduction de Cécile se révèle simple, rapide et efficace.
Cependant, la séduction de la présidente Tourvel est plus délicate. Il prend le temps de lui plaire et finit en réalité par tomber amoureux. Prise de colère et complètement jalouse, la marquise de Merteuil le force à mettre fin à cette relation. La présidente Tourvel est accablée par cette rupture et meurt de tristesse. Valmont et Merteuil se font alors une guerre interminable.
Finalement, l’amant de Cecile Volanges, le chevalier Danceny va tuer Valmont lors d’un duel. Cécile va, quant à elle, revenir au couvent. Le roman se clôture par la fuite de la marquise de Merteuil. En effet, sa réputation de veuve vertueuse étant complètement détruite, elle est contrainte de fuir Paris.
Les principaux personnages des Liaisons Dangereuses
La marquise de Merteuil
Il convient de préciser que le protagoniste principal de ce roman épistolaire est sans aucun doute la marquise de Merteuil, seule survivante à la fin du récit. C’est une véritable caricature de l’aristocrate libertine. Elle représente la femme sous toutes ses splendeurs à l’époque de Louis 15. Effectivement, elle s’est instruite seule afin d’être cultivée et intelligente.
Dans sa propre éducation, elle a intégré la maîtrise des passions. Elle est donc capable de contrôler et manipuler les autres mais aussi de ne pas se laisser dépasser par ses émotions. Elle sait les refouler afin d’obtenir ce qu’elle veut, et cela quel qu’en soit le prix. Ce rôle est profond. La marquise de Merteuil partage sa capacité à ravaler ses larmes et à ne pas se laisser influencer par ses sentiments.
Elle avoue que c’est un véritable apprentissage qui nécessite beaucoup de volonté. Il convient de préciser que ce personnage a fait évoluer les mœurs tant en choquant la société. En effet, ce type d’attitude était jusque là consacrée aux hommes. Cette supériorité aussi bien intellectuelle que physique a su choquer. De plus, la marquise de Merteuil est également très sûre d’elle, un trait de caractère qui était jusqu’alors réservé aux hommes.
Cette assurance, dans les liaisons dangereuses, se manifeste principalement en ce qui concerne la nécessité d’avoir le dessus sur les autres. Ainsi, elle constitue le personnage ayant le plus de pouvoir durant tout le long du roman. Il est primordial d’assister à sa déchéance afin de mettre en avant les valeurs. La moralité est finalement préservée à travers la déchéance de ce personnage.
La présidente de Tourvel
La Présidente du livre de Laclos représente la femme parfaite. Il est vrai que sa vie ne fait pas l’objet de beaucoup de précisions mais même si on en apprend peu sur ses goûts et son éducation, elle constitue sans aucun doute la vertu. Elle est également assimilée à un certain idéal bourgeois. Elle fait preuve de sensibilité et sincérité. Chacun de ses actes prouve son honnêteté. Effectivement, elle va jusqu’à faire preuve de sacrifice juste pour pouvoir venir au secours du vicomte, homme dont elle tombée amoureuse.
Le personnage du vicomte de Valmont
Ce personnage représente un vrai Don Juan. Il ne ressent aucune culpabilité ni scrupules. C’est un véritable manipulateur, faisant preuve d’hypocrisie, de méchanceté et même de cruauté. Il ne croit pas en dieu et va jusqu’à le blasphémer. En effet, pour vanter ses exploits sexuels, il utilise des termes religieux. Ce vrai libertin ne se laisse porté ni par la sensualité ni par l’amour. Dans un passage important du roman, il expose sa propre philosophie.
Il va néanmoins se faire prendre à son propre jeu et être puni de ses actes malveillants. Il tombe dans son jeu de séduction et devient amoureux de Tourvel. Cet amour, naît sous l’immoralité, va mener à sa propre perte.
Le personnage de Cécile de Volanges
Cécile de Volanges va incarner à la perfection la naïveté, la jeunesse fraîche et sensuelle. Elle est jolie mais simplement physiquement. Effectivement, elle ne fait pas preuve de qualités d’un point de vu intellectuel. Elle n’a pas particulièrement de principe, ni de volonté. Ce personnage va très bien montrer l’innocence que peuvent avoir les jeunes femmes du couvent.
Elle n’a jamais été confronté aux problèmes de la vie et de la société, elle est donc facilement corruptible. Elle va d’ailleurs facilement tomber dans la débauche et ce sera un jeu d’enfant pour Valmont de la séduire. A travers ce personnage, Chaderlos de Laclos a tout simplement voulu montrer comment la société va pouvoir pervertir l’innocence d’une femme.
La réception du roman
Lorsque le roman de Choderlos de Laclos a été publié en 1782, le public a réagi assez négativement. Il a considéré Les liaisons dangereuses comme étant une véritable satire de la moralité et des mœurs de l’époque. Les bourgeois ont pu se sentir visés et le roman n’a pas été un franc succès. Laclos a cherché à montrer l’évolution de la mentalité de la noblesse, qui, autrefois pleine de valeur, s’est vu éprise par un courant de débauche et de libéralisme.
C’est une période délicate ou la vertu est mise en recul, et où ce sont la corruption et l’égoisme qui sont alors privilégiés. Il est vrai qu’au fur et à mesure du temps, le libertinage a pris une nouvelle forme plus élégante.
La portée du roman et les règles du jeu dans les liaisons dangereuses
Les Liaisons dangereuses prouve que celui qui séduit ne doit pas se laisser séduire. Le libertin se doit donc d’être méprisant, manipulateur et calculateur. Il va tout simplement choisir sa proie afin de se lancer des défis. Une cible trop facile ne l’intéresse pas. Le véritable libertin doit se servir de force vertu. Il fait donc preuve d’immoralité en se servant de mensonges et de dissimulation.
Quoi qu’il en soit, pour parvenir à ses fins, il doit toujours contrôler ses émotions pour ne rien laisser paraître. Il doit également s’avoir manipuler autrui, sans quoi il lui est impossible de réussir.
Laclos s’est intéressée à l’éducation des femmes qui était peu répandu à l’époque. Il prouve que l’apprentissage est à la portée de chacun mais qu’il doit être encadré. Il a même réalisé un traité dans lequel il procède à une analyse complète. Il va défendre la femme dans ses droits en considérant qu’elle est complètement égale à l’homme. Il refuse l’infériorité et prouve que la femme peut ruser afin de remplacer son manque de force physique.
Dans ce roman, Tourvel fait preuve de moralité mais elle n’en est pas moins rusée. C’est pour cela qu’elle représente l’idéal de l’époque. Ce pouvoir peut également être utilisé de façon néfaste. Merteuil s’en sert pour jouer sur plusieurs tableaux. Elle cache son côté libertin en étant hypocrite.
La représentation de la société dans l’oeuvre
La vision du monde proposée
Dans Les Liaisons Dangereuses, la vision du monde n’est pas vraiment positive. En effet, la société est montrée comme hypocrite. Les deux personnages principaux sont pervers, et immoraux. Cependant, il convient de remarquer que cette immoralité est poussée à l’extrême. En effet, le but de chacun est une vengeance peu justifiée. Celle-ci est disproportionnée et va prendre des ampleurs fatales. Valmont ne va même plus considérer ses proies.
Il est méchant par pur plaisir. Le problème est que leur perversion est assimilée à leur intelligence. Ils ont donc beaucoup plus de force et font preuve de méthodes poignantes. Ils font preuve de rigueur et de précision dans leur manipulation. Ce pouvoir va avoir tendance à créer une fascination chez le lecteur, ce qui est compréhensible mais qui met sensiblement la morale à mal.
Le théâtre dans Les Liaisons dangereuses
On a tout d’abord à faire à un grand théâtre mondain dans Les liaisons dangereuses. En effet, le roman montre une société basée sur la facilité à dissimuler et à user d’hypocrisie. Les personnages peuvent facilement être assimilés à des acteurs. En effet, ils sont capables de changer leurs propres voix, leurs réactions afin de parvenir à leurs fins. Ils changent du tout au tout et ne sont en aucun cas naturels.
Ce sont Merteuil et Valmont qui vont agir comme de véritables metteurs en scène. Ils procèdent à l’élaboration de plans, prévoient des situations, des manipulations. Si on y regarde de plus près, chacun d’entre eux va chercher à avoir des spectateurs. En effet, la marquise va par exemple vouloir faire éclater ses actions à la vue de tous sans que l’on sache qu’elle en est la cause.
Ensuite, le genre théâtral et le roman épistolaire vont se rapprocher sur certains points. Dans les deux cas, les personnages s’expriment eux-mêmes et il n’existe aucun narrateur. Certains passages vont rappeler ceux du théâtre : coups de théâtre ou encore jeu entre les couples. On retrouve également la même structure, avec une première exposition puis un dénouement.
De plus, une sorte de fatalité est présente lors de ce dernier. De plus, la règle des trois unités est relativement la même : une seule action, avec un seul temps et un seul lieu (ou quasiment).
Est-il possible de parler de moralité ?
Laclos a bien voulu intégrer une morale même si, à la première lecture, il serait possible de penser le contraire. En effet, être vertueux n’assure pas d’être à l’abri du mal. De plus, la société reste pervertie et il semble compliquée de remédier à cela. Enfin, si on analyse la “punition” de Valmont, il meurt rapidement sans trop souffrir. La vérité n’éclate jamais au grand jour.
Merteuil est quant à elle bien détruite d’un point de vue social mais on aurait tendance à se dire que ces deux châtiments sont assez léger comparés aux actes dévastateurs qu’ont pu réalisé ces deux protagonistes.
Le pouvoir de la lettre
Le rôle de la lettre dans le récit de Choderlos de Laclos
La lettre va montrer la perversion de la correspondance. En effet, la fin, c’est une preuve de diffamation envers la marquise. Elle peut également être interceptée, c’est le cas de celle rédigée par Tourvel pour Valmont. Elle peut également servir de piège. Lorsque Tourvel refuse de recevoir les lettre de Valmont, il décide d’imiter l’écriture de son époux afin qu’elle les ouvre.
La lettre a donc un outil d’action. Elle peut être assimilée à une véritable arme. C’est également un outil d’analyse et d’information. Elle permet aux personnages de procéder à une certaine introspection et prouve l’existence sociale.
La puissance du genre épistolaire
Le roman épistolaire va permettre d’obtenir différents points de vue, notamment grâce à l’absence de narrateur. Ainsi, une même action sera racontée par différents personnages, ce qui est intéressant pour le lecteur. Il est mesure de cerner le personnage et peut savoir quand celui-ci fait preuve d’hypocrisie. C’est ainsi le cas de la scène où Valmont et Cecile ont une relation.
Les deux personnages vont raconter cette même nuit à Merteuil. La scène des carrosses de Valmont est également reprise par de nombreux personnages (Tourvel, Valmont,…). Enfin, c’est également le cas de l’épisode ou Valmont joue le bienfaiteur auprès des pauvres, qui est raconté par Tourvel à Volanges et par Valmont à Merteuil. De plus, le lecteur a l’impression de s’immiscer dans la vie des personnages en lisant des lettres, qui sont censées être personnelles.
Il est vrai que le lecteur va pouvoir en savoir plus sur chaque personnage et sur sa sincérité. Il devient spectateur des dissimulations et des apparences. Il devient confident puisqu’il connait la vérité et les manigances. Ainsi, il va s’en dire que le lecteur devient important mais va se sentir complice. Il est certain que le genre épistolaire permet au lecteur de toujours être dans l’action.
Il ne va pas se lasser, d’autant plus que chaque personnage a sa propre façon d’écrire, avec son propre champ lexical. Lors de la rédaction du roman, le genre épistolaire est à son apogée. La particularité de Laclos est d’avoir associer une succession de lettre avec une intrigue tragique bien montée. En effet, chaque lettre fait avancée l’histoire.
Il est certain que les lettres ont un sens réfléchi. Leur ordre est de tout importance. Le sens dramatique est préservé. Ainsi, même si parfois, le lecteur est complice, il arrive que ce soit l’inverse. Par moment, il apprend a postériori la manipulation et s’est fait piégé au même titre que les protagonistes. Ces jeux de contraste maintiennent le lecteur dans l’intrigue.
C’est le cas par exemple des lettres successives de Cecile et de Merteuil, qui vont être complétement opposées. L’une expose sa naïveté tandis que l’autre parle de son art de dissimuler. Dès le début ce contraste est mis en avant avec la lettre plate de Cecile suivi de la lettre profonde et réfléchie de la marquise. De plus, la forme et le fond sont en parfaite adéquation.
Effectivement, le libertin va tout simplement manigancer à distance. La lettre offre un véritable pouvoir même si celui ci est à distance. Par exemple, Merteuil parvient à tout gérer et contrôler par lettre. Valmont va quant à lui écrire à Dancenny pour avoir la clé de la chambre de la jeune Volanges, au lieu d’aller directement lui parler.
En ce qui concerne la distribution des lettres, on peut s’apercevoir qu’au tout début du roman, il existe deux intrigues. Par conséquent, certaines lettres sont exclusives mais par la suite, on se rend compte que les deux se rejoignent. Ainsi, il faut tout de même noter que dans l’incipit, Danceny n’écrit pas à Rosemonde, ni à Merteuil et Cécile n’écrit pas à Valmont.
Il convient d’ajouter que six personnages sont des correspondants importants : Rosemonde, Mme de Volanges, sa fille Cécile, Tourvel, Merteuil et bien sûr Valmont. On peut remarquer 5 correspondants secondaires. Ajoutons que, bien que la marquise soit le personnage principal des Liaisons Dangereuses, ce n’est pas elle qui a écrit le plus de lettre. Cependant, ses lettres ont tellement de puissance que l’on comprend rapidement son poids dans l’intrigue.