La controverse de Valladolid est un livre qui a été publié en 1992. L’auteur de ce roman est Jean-Claude Carrière, l’œuvre traite, comme son nom l’indique, de la controverse qui a eu lieu à Valladolid sur le statut qu’il fallait donner aux Indiens. Deux personnages s’affrontent, Las Casas et Sépulveda qui s’opposent sur la question de la possession d’une âme pour les Indiens. Sont-ils donc des créatures de Dieu et doivent-ils de ce fait, être traités avec respect.
L’action se déroule dans un monastère à peu près soixante ans après la découverte du nouveau monde et donc des Indiens d’Amérique. Ce roman est inspiré d’un fait réel, en 1550 une véritable controverse entre ces deux protagonistes à eut lieu et le sujet était bien celui du livre. Si cette controverse peut paraître complètement folle de nos jours, elle était réellement au cœur des discussions à cette époque. Le but ultime de cette réunion n’était pas seulement de statuer sur la position de l’Église face aux Amérindiens mais bien de leur survie. En effet, si les Indiens sont considérés comme des hommes à part entière, il devient alors inhumain de les massacrer comme le font les Espagnole sur le nouveau continent, en revanche si la réunion considère que les Indiens ne sont pas des êtres doués d’une âme, alors il sera considéré comme normal de disposer de leur corps comme d’un outil ou comme le corps d’un animal.
Dans ce livre, on suit le débat de cette controverse, si on connaît en substance le contenu des discussions de l’époque, il n’existe pas de rapport extrêmement précis qui détaille toutes les interventions des uns et des autres. Le roman est donc une version inventée de cette controverse suivant le chemin des vraies discussions. L’auteur a imaginé les dialogues en utilisant les quelques informations dont disposaient les historiens afin de créer un environnement ressemblant à ce qui a pu se dérouler à l’époque. L’intérêt de ce livre est sans doute ce violent retour en arrière qui nous choque. L’auteur tente de montrer à quel point les humains ont pu être vils et malfaisants, certains voulant même déchoir les Indiens de leur statut d’humain simplement pour pouvoir les tuer sans aucune pitié ou les utiliser comme esclaves.
Cette discussion est d’autant plus importante à l’époque que la traite de noirs était en vigueur et les Espagnols n’hésitaient pas à enlever des Africains pour les emmener dans le nouveau monde en tant qu’esclaves. Si les penseurs comme Sépulvéda s’opposaient si farouchement à la reconnaissance des Indiens comme des être humains, c’est également en partie parce qu’ils ne voulaient pas que la question se pose ensuite pour les Africains transformés en esclaves qui travaillaient dans les plantations du nouveau monde, parfois si durement qu’ils en mouraient.
Dans la réalité des faits, la controverse a été organisée longtemps à l’avance, les personnes présentes étaient toutes les personnes très importantes et le débat à duré des mois sans pouvoir finalement prendre une position tranchée. Dans le livre, la controverse se déroule à huis-clos, entre quatre personnes qui ne dirigent pas les hautes sphères de l’Etat et la discussion ne dure que trois jours. L’auteur a décidé ici de s’octroyer une petite liberté pour donner plus de puissance à la discussion, si le fait que la question ait été à un moment posée est déjà choquant, comment espérer en discuter profondément en seulement trois jours. La portée dramatique de ce très court laps de temps permet de mettre encore plus en lumière la cruauté des contemporains de Las Casas qui s’est battu, dans le roman tout comme dans la vraie vie, pour sauver ce peuple pacifique qui se faisait littéralement exterminer.
