La nouvelle « Le Horla » de Guy de Maupassant parle d’un homme sujet à des hallucinations. Il perçoit un être invisible qui vit à ses côtés et surtout qui occupe sa chambre en son absence et pendant son sommeil. Il appelle cette être ‘le Horla ». Ce texte écrit en 1886 en première version dans le quotidien Gil Blas, a connu une seconde version en 1887 dans le recueil de nouvelles « Homonyme ».
L’atmosphère étrange qui règne tout au long de ce récit, présenté comme un journal intime, tend à faire comprendre au lecteur la difficulté qu’éprouve le personnage principal à expliquer ses perceptions d’un être qui n’a rien de commun avec un humain. Est-ce la folie? La narration est faite à la première personne du singulier et elle pousse le lecteur à entrer dans une lecture confidentielle. Un manière d’inviter à la révélation d’un secret difficile à formuler.
Résumé complet chapitre par chapitre du livre Le Horla
Du 8 au 12 mai
Le narrateur présente sa vie confortable et rassurante sur ses terres à Rouen. La vue sur la scène qu’il a depuis des années, lui procure un réel plaisir et une grande fierté de vivre dans la maison de ses aïeux. Sans raison apparente, il se sent un peu souffrant, un bon matin.
Il est instantanément conscient qu’une étrange affaire est en train de lui arriver, pour changer radicalement le court de sa vie, « D’où viennent ces influences mystérieuses qui changent en découragement notre bonheur et notre confiance en détresse ? » (12 mai). Le narrateur décrit dans les détails ce passage si étrange du bonheur à la mélancolie. Fin de la première partie du Horla.
Du 16 mai au 3 juin
La maladie est annoncée : « Je suis malade, décidément ! ». Il a la fièvre et une « …sensation affreuse d’un danger menaçant… ». La sensation de danger permanent envahit le quotidien de cette homme qui menait une vie si tranquille. Il ne peut même plus faire une promenade dans un bois sans se sentier suivi. Il ressent une présence permanente pendant le jour et les nuits deviennent un cauchemar.
Il pense que quelqu’un est présent dans la chambre pendant son sommeil et utilise ses effets. Une sensation qui l’isole de plus en plus. Il décide de partir quelques semaines en voyage pour le Mont Saint Michel. Une fois arrivé à bon port, il visite les lieux avec ravissement. Il rencontre un séminariste qui officine à la Chapelle du site.
Il n’hésite pas à lui confier sa raison pour un repos forcé loin des siens. Les phénomènes étranges sont donc un souci pour l’église. Ce séminariste le prend tout à fait au sérieux. Il apparaît, qu’il a suffit que notre investigateur se confie pour se libérer de ses maux.
Du 2 juillet au 6 juillet
C’est le retour du voyage qui a pour conséquence la guérison. Il semble que la nouvelle soit bonne mais il se souvient malgré tout de sa rencontre avec le moine :
« Je dis au moine : « Y croyez-vous ? » Il murmura : « Je ne sais pas. »
Je repris : « S’il existait sur la terre d’autres êtres que nous, comment ne les connaîtrions-nous point depuis longtemps ; comment ne les auriez-vous pas vus, vous ? comment ne les aurais-je pas vus, moi ? » Il répondit : « Est-ce que nous voyons la cent millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le vent, qui est la plus grande force de la nature, qui renverse les hommes, abat les édifices, déracine les arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit les falaises, et jette aux brisants les grands navires, le vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, – l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe, pourtant. »
Une conversation qui finit par l’éclairer. Il comprend que la souffrance existe sans que l’on puisse la voir de nos propres yeux. Les choses que l’on peut voir ne sont peut-être pas les seules à exister autour de nous. Un constat qui ne le rassure pas mais qui l’aide à sortir,d’une certaine manière, de ses angoisses. Pourtant l’aventure n’est pas terminée.
Son valet et sa servante commence à se sentir en mauvaise santé et les cauchemars peuplent leurs nuits. Il recommence à vivre des moments d’angoisse de retour chez lui jusqu’au moment où il reconnaît devenir fou. Le mot est lâché comme une dernière étape qui donne l’autorisation pour sortir de la raison. Il admet sa folie sans détours aucun. Il se demande enfin qui l’aidera dans ses complaintes divines.
Du 10 au 12 juillet
Il veut prouver se qu’il ressent. Il faut donc l’expérience de placer une carafe d’eau, des aliments et des objets pour savoir si un changement aura lieu le lendemain matin. Au réveil, il s’aperçoit que la carafe est vide et que les fruits ont été mangés. Empreint à sa folie, il finit par sortir au théâtre pour comprendre la démence des dernières 24 heures. Ce retour à la vie sociale et raisonnée à travers une pièce d’Alexandre Dumas fils, a eu un effet revitalisant inattendu. mais c’est avec un grand soulagement qu’il évolue entouré par « …des hommes qui pensent et qui parlent… », comme il les appelle.
Du 14 au 19 juillet
Il est le témoin de la fête nationale dans les rues de Paris. Les nouveaux républicains ne le séduisent pas par leurs slogans qui appellent à voter pour la république. Il observe que la bêtise des hommes est la même qu’ils soient soumis à un homme ou à des principes. Il constate, malgré tout, des choses étranges au court d’un dîner chez ses voisins, le couple Sablé.
Il rencontre lors de ce repas convivial, des médecins curieux des évolutions de la science au sujet des maladies nerveuses que l’on peut soigner par l’hypnose. La séance à laquelle il assiste, le laisse particulièrement pantois. Il ne sait pas comment la ramener à ce qu’il vit avec sa maladie angoissante qui le garde au lit des jours, pour faire des cauchemars plus affreux les uns que les autres. Il raconte son histoire autour de lui et il ne fait que récolter des moqueries.
Du 21 juillet au 7 août
Dans ce nouveau chapitre du Horla, le héros se promène un peu entre Bougival et Paris pour enfin rentrer chez lui. Il se rend compte que le surnaturel et les lieux sont liés. On ne le ressent pas partout pareil, dans certains lieux il est pris à la plaisanterie et dans d’autres, c’est un phénomène qui inquiète et fait réfléchir.
La folie des hallucinations contamine les domestiques qui parlent et se querellent pour des verres qui se cassent la nuit. Il appelle l’être invisible « il » et « le Horla ». Il fait donc parti intégrante de son existence.
Du 8 août au 18 août
Il ne vient plus pendant la nuit. Il ne sent plus sa présence la nuit autour de lui mais en lui. Comme si son âme avait été envahie par cet être invisible. Il a le sentiment d’être en prison. Il perçoit le monde extérieur comme lointain et étrange. La folie est une réalité quotidienne. Il ressent une présence dont il cherche à se débarrasser.
Du 19 août au 10 septembre
Il décide de réfléchir à une manière de tuer le Horla. Il fait changer les serrures de la maison près de Rouen. Il prend en mal la patience dont il doit faire preuve pour trouver la meilleure façon de vivre sans lui.
Il met le feu à sa maison en espérant qu’il ne pourra pas s’échapper au milieu des flammes. Mais il constate qu’il est encore en vie : « Non… non… sans aucun doute, sans aucun doute… il n’est pas mort… Alors… alors… il va donc falloir que je me tue, moi !… ». C’est ainsi que cette folie se termine, par des propos résolument fataliste. Il accepte de mourir par sa folie.
Le thème de la folie par l’hallucination
Ce thème médical psychiatrique présent dans Le Horla de Maupassant est nouveau pour l’époque. Certaines personnes croient voir des phénomènes étranges comme l’épisode de la rose qui se casse et qui s’envole.
Les médecins sont à une période de recherche où les maladies psychiatriques sont à peine recensées et considérées comme des maux à soigner. Malgré tout, les personnes touchées par ce type de désordres mentaux sont seuls et sans recourt médicaux. L’enfermement semble être la seule issue possible. L’auteur atteint lui-même de ce type de dérangement tente sans doute d’expliquer ses sensations.
La folie à en mourir : la double personnalité
La suggestion du texte vers une explication de la folie en raison d’une double personnalité est présente dans toutes les hallucinations que vie « je ». Les objets et la nourriture déposés la nuit et qu’il ne retrouve pas le lendemain sont sujets à un doute. Est ce que le personnage n’aurait pas bouger les objets lui-même? Est-ce qu’il n’aurait pas manger les fraises aussi ?
Il affirme les détester. Mais si rien ne prouve concrètement que les aliments sont consommés par le Horla, rien ne prouve non plus qu’ils ont été mangés par le narrateur. La double personnalité que prend la forme étrange du Horla n’est pas à omettre d’une explication possible de l’existence de l’être étrange.
L’auteur Guy de Maupassant : l’écrivain fou
Dans le but de bien comprendre cette nouvelle et pour la replacer dans son contexte de création d’origine, il est important de savoir que l’auteur était atteint lui-même d’hallucination. Il souffrait plus exactement de la maladie de la mélancolie au XIXe siècle.
Les personnes entrent dans une tristesse sans pouvoir expliquer la raison. L’évolution de cette maladie, aujourd’hui appelée la dépression, rend les malades sujets à des hallucinations. Il a donc pu décrire avec précisions et détails les crises d’hallucinations du personnage principal de la nouvelle. Maupassant a écrit cette nouvelle au début de sa maladie. Il finit par sombrer dans la folie, pour mourir suicidé, en juillet 1893.