Au fil des onze chapitres de son livre, Odile Weulersse nous conduit dans une aventure fantastique qui ne manque pas de faire rêver le lecteur. En exprimant si bien le caractère de chaque personnage, elle sait nous faire vibrer tour à tour d’amour, de révolte, de gloire, de peur, de compassion, bref, elle sait éveiller en nous toute la palette de nos sentiments.
Comme dans toutes les histoires d’aventures, afin de porter le dynamisme du conte, on trouve ici la confrontation du bien et du mal, fort bien imagés, par le groupe des ” bons ” et le groupe des ” méchants “.
- Le héros, Thibault de Sauvigny, porte vaillamment les valeurs du courage, de la droiture, de l’honnêteté et du respect de la hiérarchie et de ses pairs.
- Éléonore, délicate princesse, dont la beauté sans égale ne peut que rendre amoureux le héros au grand cœur. Et, comme dans tout roman qui finit bien, ” ils se marièrent et vécurent heureux jusqu’à la mort “.
- Barnabé, un peu poltron, si humain en somme, véhicule l’amitié indéfectible envers Thibault.
- Puis vient le détestable Foulque, qui est juste le contraire de Thibault de Sauvigny. Déloyal, tricheur, menteur, envieux, cruel, c’est lui qui rend la vie si difficile au héros de l’histoire.
- Rosamonde, alliée de Foulque et soeur d’Éléonore n’a pour seul objectif que d’éliminer sa rivale pour prendre sa place dans le cœur de Thibault.
Quantité d’autres personnages, hauts en couleurs, chacun bien trempé dans un rôle qui lui est propre (sorcier, fée, etc.) tissent tous les péripéties et rendent cette belle œuvre extrêmement dynamique.
Bâtie sur une trame historique, l’auteure nous transporte au XIIème siècle, et enseigne ainsi aux enfants que le roi de France en ce temps-là était Louis VI le Gros. Elle décrit aussi avec force et réalisme l’organisation du pays : le domaine royal, les duchés, les comtés. Puis la vie en générale, pas toujours faite de guerres et de batailles, mais aussi de fêtes, de réceptions, de banquets, de divertissements. Enfin, les us et coutumes avec les cérémonies d’adoubement, l’uniforme des chevaliers et de leurs armes, les joutes, jeux dangereux, parfois mortels.
Que serait un conte sans une belle histoire d’amour ?
Ici, elle est le fil conducteur, elle soutient et porte l’histoire. La vaillance, le courage et la force de Thibault sont nourris par la grandeur des sentiments qu’il porte à Éléonore. Tout serait simple et facile si Foulque n’avait pas décidé d’épouser la belle. D’où les conflits entre les deux garçons, les intrigues et la violence que l’on attribue volontiers à l’époque médiévale. Ce romantisme nous touche et nous tient en haleine jusqu’à la fin du livre. Vont-ils enfin pouvoir s’aimer ?
En parallèle, toutes les aventures des héros se passent dans un monde fantastique, magique, merveilleux, irréel. Si les sentiments de Thibault et Éléonore nous touchent, si la bassesse de Foulque nous révolte, le monde imaginaire du ” chevalier au bouclier vert ” nous transporte et nous fait rêver. Tous les ingrédients y sont réunis. On y croise moult personnages extraordinaires :
Torticolis, à la voix cristalline et tendre,
La fée Hadelize qui sauve la vie de Thibault et d’Éléonore,
Gascelin, pâle et timide, manipulé par sa soeur Rosamonde,
Ruffin, le sorcier qui a vendu son âme au diable, et bien d’autres encore.
Cette exquise épopée se déroule sur fond de chevalerie.
Ces preux et valeureux combattants font vibrer en nous la corde sensible du courage, de l’héroïsme, du dépassement de soi. Des valeurs qu’il est toujours bon d’enseigner aux jeunes.
Pour conclure, cette œuvre est parfaitement morale, puisque la fin montre la victoire du bien sur le mal. Les méchants sont brûlés ou pendus, les bons se marient et vivent enfin en paix.
Odile Weulersse, après une brillante carrière d’enseignante à la Sorbonne, s’est consacrée à la littérature pour enfants et jeunes, domaine dans lequel elle est devenue spécialiste. Elle a édité à ce jour près de 28 ouvrages.
