A la lecture de “La Place”, on pourrait y trouver le témoignage d’une femme encore affectée par les souffrances subies dans son enfance. On y lit en première lecture un cruel témoignage contre un père indigne. Cette démarche est nécessaire pour aboutir au but premier de cet oeuvre, une analyse sociologique qui décrit des milliers de familles modestes dans une époque et un contexte social inégalitaire. Finalement, ce livre est-il une dénonciation ou un hommage au père?

Le témoignage cruel d’une enfance malheureuse

Annie Ernaux, narratrice, n’hésite pas dévoiler les détails honteux qui caractérisent son père, sans aucune pudeur, en écrivant par exemple qu’il n’était pas porté sur l’hygiène. En allant plus loin, elle n’hésite pas à exposer la misère intellectuelle de son père, sachant pourtant que lui-même considérait cette lacune comme son fardeau.

Elle, devenu écrivain célèbre, relate des exemples très précis de scènes dans lesquelles son père trahit ses pauvres qualités en orthographe. Son père endosse le rôle d’un homme burlesque et comique dont elle raconte les anecdotes les plus loufoques, trahissant sa vision d’un homme qui n’a rien de digne à ses yeux.

La dérision est alors l’arme la plus efficace pour dénoncer la pauvreté intellectuelle de son père, qui tranche avec sa propre culture et réussite scolaire. Sa cruauté continue jusqu’à affirmer qu’il parle ou ne dise rien, c’était du pareil au même. Son père est sans épaisseur, transparent, et qui aurait pu ne pas être là sans changer grand-chose.

Pourtant, le but de ces dénonciations n’est pas d’en faire un étalage gratuit. Elles servent à trouver les origines de ces sentiments qu’elle éprouve encore, à travers tous ces détails qui s’avèrent nécessaires.

La Place : une oeuvre sociologique ?

La narratrice généralise ses propos, sans forcément prendre son père comme unique cible de ses accusations. Ill appartient à une catégorie de personnages largement répandue à l’époque où elle était enfant. Cette classe sociale, c’est celle des gens comme ses parents, qui n’avaient pas accès à l’éducation ni le loisir d’enrichir leur culture personnelle. Ceux que l’on appelle des “gens simples”.

Son père est alors un élément représentatif d’une classe sociale, qu’elle rejette. Pour cela, elle jette sur son père, sa famille, son passé, un regard distant, froid et dénué de sentiments. Elle donne des descriptions concrètes sur son père, sur ses vêtements, ses habitudes paternelles. Les descriptions sur la physionomie de son père et sur ses émotions qu’il aurait pu laisser paraitre sont quasi nulles.

La narratrice n’est pas cruelle, mais ne cèdera pas pour autant à l’empathie. Son travail est loin d’être facilement accusateur, il est plutôt observateur.

Le travail de deuil par l’écriture

Finalement, la narratrice, enfant, a eu l’occasion de choisir son parti. Elle l’a fait, comme on le voit lors de l’épisode de la bibliothèque, quand son père et elle s’engagent à enfin entrer dans l’établissement pour emprunter des livres. Tous les deux emplis d’appréhension dans cette “aventure” qui les angoisse, ils ressentent alors le même trouble et la même tension que s’ils étaient entrés dans une église.

Aux bibliothécaires qui leur demandent les volumes qu’ils souhaitent lire, tous deux n’en ont aucune idée. Ils vivent alors un moment où leurs sentiments sont identiques et partagés. Une fois devenu plus grande, à la réussite de son CAPES, elle ressent beaucoup d’amertume. La réussite à son examen symbolise la rupture totale avec ses parents donc avec ses origines. La fille, une fois devenue adulte, se remémore ces épisodes sans critique acerbe ou reproche dissimulé envers son père.

Bien qu’elle accepte finalement ce que fut son père et son appartenance à une classe sociale venue d’en bas qui lutte pour l’honorabilité, elle ne peut se départir d’un sentiment de honte qui la fait se sentir sans racines.

Pourquoi lire ce commentaire composé ?

Cette critique et présentation de Annie Ernaux est également une dissertation de La Place. Dans cette fiche de lecture de Annie Ernaux vous pourrez tout savoir sur l'histoire du récit, détaillé chapitre par chapitre. C'est également une lecture analytique complète de La Place qui est étudié au collège, lycée et bac de français. Cette lecture linéaire de Annie Ernaux permettra au lecteur d'être préparé pour l'examen et de tout savoir sur l'intrigue de La Place. Pour conclure, ce commentaire littéraire ne donne plus d'excuse pour ne pas maîtriser l'analyse du récit.

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