« La boîte à merveilles » d’Ahmed Sefrioui se présente sous forme de roman autobiographique. Il reflète la monotonie de la vie quotidienne, un monde dans lequel cohabitent le rêve et le plaisir d’un petit garçon. Ahmed Sefroui raconte l’univers de Sidi Mohammed, où se mélangent les rêves, la tranquillité et la sérénité de l’enfance.
On parle de boîte à merveilles, car le lecteur est transporté dans ce merveilleux cadre, le cocon familial où évolue un enfant. Le roman rapporte la prise de conscience de l’auteur qui n’hésite pas à utiliser l’imparfait, afin de mieux dépeindre son passé et les couleurs de son enfance.
Dans la boîte à merveilles, la prédominance de la famille
La boîte à merveilles raconte la prédominance de la famille, un sujet qui fait intervenir le père et la mère. L’histoire se passe au sein d’une famille marocaine, où la mère, Lalla Zoubida, est considérée comme étant le chef de famille, en raison de la quasi-absence du père. On remarque en effet que le père n’est pas beaucoup présent dans le roman, il est silencieux et passif comparé à la mère, celle-ci devant assumer un double rôle de parent féminin et viril.
Par exemple, dans le passage où l’enfant était tombé malade, la mère protège son fils et manifeste son côté féminin, caractérisé par la tendresse et la force. En s’investissant dans la famille, surtout après que le père soit parti, la mère assure le devoir du père, le plus important rôle dans la famille.
L’enfant part ensuite à l’aventure, en quête de connaissance, mais cette quête lui fait faire un aller-retour qui le mène toujours à la case de départ : la cellule familiale, sa maison, ou plus exactement la petite pièce dans laquelle vit sa famille.
Le reflet de solitude dans le récit de Sefrioui
La boîte à merveilles se base sur le thème de la solitude du petit garçon, Sidi Mohammed, surtout dans le premier chapitre. Dans les premières pages, on peut remarquer la répétition du mot solitude : à la troisième page « Je songe à ma solitude » et « Ma solitude ne date pas d’hier ». A la sixième page, l’auteur raconte sa sixième année où il était seul et sans point de repère pour appeler son existence : « solitude ou malheur » et il continue en disant qu’il était un enfant seul.
À la huitième page, l’enfant dit : « En attendant, j’étais seul au milieu d’un grouillement de têtes rasées, de nez humides ». Cette solitude ne se limite cependant pas au premier chapitre, on la retrouve encore dans d’autres parties du roman, comme à la page 50, où l’auteur décrit sa solitude grandissante au point de l’étouffer, et à la page 65 où il affirme être voué à la solitude.
Cette solitude s’explique par le fait que Sidi Mohammed est un enfant unique évoluant dans une famille où la mère remplace le père. À six ans, il se retrouvait seul à Dar Chouafa, car il ne trouvait aucun autre enfant de son âge, excepté une petite fille, Zineb, qu’il n’apprécie pas. Quelques passages illustrent ce mépris, par exemple à la page où il dit ne pas l’aimer et à la page 47, où il se soucie plus de sa faim que du sort de Zineb, ainsi qu’à la page 71, quand il parle de Zineb comme étant une fille bête ne disposant que d’une pauvre cervelle.
Cet univers adulte, dans lequel il était entouré de femmes le faisait sentir seul plus que jamais comme il le dit à la dixième page. Il y avait en plus le fait qu’il aimait les rêves, ce qui l’éloignait des autres élèves au Msid, qui eux préféraient la réalité comme il l’affirme à la sixième page.
Tout au long du roman, on retrouve donc un garçon solitaire, sans compagnon de son âge, avec lequel il pourrait jouer, échanger et grandir. Avec le départ de son père, il a vu sa solitude s’accentuer.