Dans quelles mesures la parodie dévoile -t-elle pensée humaniste ?
Divertir et instruire, deux objectifs du roman
A travers l’oeuvre Gargantua de François Rabelais, on a une volonté de l’auteur de vouloir divertir mais également d’instruire. En ce sens Rabelais est dans la lignée de l’une des fonctions de la littérature qui est « placere, docere ». On a une véritable invitation à chercher, sous la plaisanterie, les idées sérieuses sous un mélange de réalisme et fantaisie.
Les Andouilles, par exemple, sont des adeptes de carnaval. Il s’agit là d’une dénonciation de la tendance à l’idolâtrie inhérente a l’homme : il défie toutes les créatures et même des êtres gros, gras et gris comme mardi gras, dont le nom connote la nourriture et le divertissement. La folie de cette idolâtrie est d’ailleurs un thème constant de l’oeuvre.
Par ailleurs, Rabelais attire notre attention dans Gargantua sur le sens satirique de ces épisodes et révèle son envie de faire la satire du concile de trente . S’adressant a Xénomanes et faisant référence aux andouilles et Quaresmeprenant Pantagruel dit « Par Zeus, bel ami … entre les deux camps ». Pour preuve de ce lien, le verbe « réconcilier » qui rappelle étrangement le terme « concile » .
L’entente entre les deux camps a différé sur un point, le traité de paix : « Carêmeprenant ne voulait admettre ni les Boudins sauvages ni les saucissons de montagne … les andouilles réclamaient que la forteresse de Caques fut régie et gouvernée à leur discrétion comme l’est le château de Saloir » . Avec ce jeu entre concile et réconcilier, Rabelais souligne un point important : un concile est censé réunir et non divisé comme ce fut le cas.
Enfin le personnage de la grande Truie est un « engin » comique qui envoie des missile sérieux comme des pierres et des traits garnis d’acier.
La ruse, dans le récit de François Rabelais
La ruse joue un rôle primordial dans la notion de guerre chez Rabelais. En effet, ce n’est pas anodin si c’est ici l’épisode du cheval de Troyes qui est mentionnée. Ainsi, comme nous l’avons vu précédemment, la Truie a remplacé le cheval. Cependant, son rôle reste le même. Si guerre il y a, ce n’est que dans le but de rétablir un ordre précairement rompu. Ainsi, tous les cuisiniers mentionnés dans le chapitre 40 ont pour rôle de se cacher dans la truie pour en sortir au moment voulu.
Le principe humaniste et chrétien pense que la guerre doit épargner le sang humain. La ruse prend alors tout son sens. Elle permet l’économie de vies humaines afin d’atteindre la victoire au plus vite. Elle force à capituler sans qu’un seul coup ne soit tiré. Cependant, l’accumulation des noms cités tend à suggérer une grande abondance.
La ruse devient quelque peu comique dans la mesure où se demande comment autant de personnes peuvent rentrer dans cette Truie. On peut se demander si ce trait comique a pour but d’amener à réfléchir sur l’utilité de la ruse ou même de la guerre. Quoi qu’il en soit, on peut remarquer que le stratagème marche tout le temps.
Les échos aux épisodes historiques dans Gargantua
La parodie dans Gargantua se remarque d’emblée par des échos à des épisodes historiques précis. La parodie est explicite ne serait-ce que par les phénomènes d’échos entre les sons de Troie et Truie.
Cependant, l’oeuvre ne se contentent pas de faire référence à un seul épisode historique mais à une pluralité. Ainsi, il ne s’agit pas de parodier un épisode de guerre précis mais plutôt d’introduire une pensée sur la notion de guerre en général.
Conclusion de la fiche de lecture sur Gargantua
Tous ces éléments suggèrent une certaine connaissance de la part des lecteurs de “Pantagruel”. Plus encore, ils servent à donner du sérieux, une certaine véracité et une certaine cohérence au récit ici raconté. De cette façon, le récit est ancré dans une temporalité avec des repères chronologiques soit disant historiques. Ainsi, les références historiques jonchent le texte.
Par ailleurs, on peut voir que tous ces événements sont racontés avec une grande précision et cela aussi bien pour la Truie que pour le cervelas comparé au taureau. D’emblée on relève tout un champ lexical de l’épique. Mais, les phrases longues et précises s’opposent.