Les Mémoires d’Hadrien est un roman historique de Marguerite Yourcenar, publié en 1951. Cette écrivaine de l’après-guerre a repris l’écriture de son livre 30 ans après ses premières recherches, alors qu’elle avait émigré aux Etats-Unis pour fuir la deuxième guerre mondiale.
Marguerite Yourcenar est par ailleurs la première femme à avoir intégré l’Académie Française, en 1980.
« Les Mémoires d’Hadrien » est rédigé sous la forme d’une lettre en six parties, comportant chacune un titre en latin. L’auteure nous fait traverser les grands événements du IIe siècle après J.-C., âge d’or de l’empire romain.
L’empereur Hadrien écrit à son futur successeur, Marc Aurèle, alors âgé de 17 ans, et lui dresse un bilan de sa vie pour le préparer à la tâche qui l’attend et le faire réfléchir à l’exercice du pouvoir.
Résumé des Mémoires d’Hadrien – Partie 1
Le roman commence avec la visite d’Hadrien chez son médecin, Hermogène. L’empereur, malade, a 60 ans et souhaite trouver un sens à sa vie et à sa mort imminente.
Né en Espagne à la fin du Ier siècle, il évoque sa jeunesse ainsi que les personnes, batailles et lectures qui l’ont marqué.
Partie 2 du livre de Marguerite Yourcenar
Hadrien a 12 ans lorsque son père meurt. Trajan, futur empereur de l’empire romain, devient alors son tuteur.
Le jeune homme raconte son expérience de juge à Rome, son règne en Syrie, et sa participation aux guerres contre les Daces puis les Sarmates (deux peuples barbares d’Asie Centrale) en 101 et 105.
Hadrien connaît donc la gloire, mais aussi les horreurs de la guerre. Il devient, à la mort de son père adoptif, le quatorzième empereur de Rome lors d’une succession douteuse arrangée par l’épouse de Trajan, l’impératrice Plotine.
Résumé des Mémoires d’Hadrien – Partie 3
Hadrien fait face à de nombreuses incertitudes, et sa femme Sabine ne lui apportant nulle satisfaction, il se consacre à son rôle d’empereur. Profondément pacifiste, il décide de consolider l’empire plutôt que de continuer à l’étendre et met fin aux guerres contre les Parthes, les Egyptiens et les Sarmates.
Il œuvre pour la paix, l’ordre et la justice, inspiré par la culture grecque qu’il affectionne, et améliore par exemple les conditions de vie des femmes et des esclaves.
Partie 4
C’est lors d’un voyage en Asie Mineure, au sommet de sa gloire, qu’Hadrien (alors âgé de 40 ans) rencontre un jeune berger grec du nom d’Antinoüs, qui devient son amant. L’empereur décrit cette période comme la meilleure de sa vie.
Pourtant, lors d’un périple en Egypte, le jeune homme de 20 ans se suicide en mettant en scène un rituel de sacrifice par amour pour Hadrien. Noyé dans le Nil, Antinoüs laisse son amant anéanti.
Partie 5
Cette mort tragique bouleverse la vie d’Hadrien, qui combattra son désespoir des années durant. Il fera construire des monuments, des statues, et même une ville entière en souvenir de son amour perdu.
Hadrien fonde également un culte, érigeant Antinoüs au rang de divinité.
En parallèle, il voyage et compile les lois proposées par les magistrats romains afin de rédiger un code juridique.
Il fait par ailleurs de sérieuses entorses à ses principes pacifistes en stoppant la révolte juive, entraînant de nombreux morts et détruisant la ville de Jérusalem. Très affecté par cet épisode, il commence à s’interroger sur sa succession.
Résumé des Mémoires d’Hadrien – Partie 6
C’est après une grande victoire en Judée qu’Hadrien ressent de premières douleurs cardiaques. Ayant le sentiment du devoir accompli, il songe à mettre fin à ses jours mais son entourage l’en dissuade : il attendra donc patiemment la mort en endurant sa santé déclinante.
Il met les affaires publiques en ordre et adopte Antonin le Pieux, oncle du jeune Marc Aurèle qui prendra la succession de l’empereur.
Retiré dans la cité de Tibur, miné par la maladie et par sa mort prochaine, Hadrien rédige ses mémoires sous la forme d’une lettre adressée à Marc Aurèle. C’est cette longue lettre qui constitue le roman « Les Mémoires d’Hadrien ».
Que retenir des Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar ?
Dans les Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar nous présente l’empereur à travers sa vie d’homme politique, avec ses guerres et ses évènements historiques, en parallèle de sa vie personnelle, où il se passionne pour un adolescent grec.
Cette relation est étrange : elle semble réunir un dieu et un mortel, et mènera le jeune homme au suicide au travers d’un sacrifice rituel. Dans la deuxième partie du roman, Hadrien va douter, sombrer, puis se reconstruire lentement au fil de la vieillesse et de la maladie, pour enfin retrouver la paix au moment de mourir.
Yourcenar, fascinée par le personnage d’Hadrien, voulait un témoignage vivant mêlant l’érudition de son activité d’historienne à la magie de la fiction. Elle raconte les espoirs et les craintes de l’empereur, son pacifisme, son homosexualité avec tant de précision qu’on pourrait croire qu’elle s’inspire parfois de ses opinions de témoin de la deuxième guerre mondiale.
Son livre mélange ainsi éléments historiques et empathie, confondant les sensibilités d’un célèbre empereur et d’une écrivain qui l’admire.
Les Mémoires d’Hadrien délivrent par ailleurs un message subtil. Le personnage de l’empereur est présenté comme un modèle d’homme d’Etat éclairé, à la fois tout-puissant et humaniste. On l’observe administrer son immense empire, ordonner la loi et la justice, négocier la paix.
Pourtant, la deuxième partie renferme une série d’échecs. Lors de la révolte de Palestine à Jérusalem, l’empereur si pacifique en arrive à ordonner le massacre des juifs, montrant ainsi une sorte d’impuissance face à la fatalité. L’homme, aussi exemplaire soit-il, ne peut tout contrôler.
Le roman de Marguerite Yourcenar peut donc être qualifié de réflexion sur la mortalité de la chair, c’est-à-dire de l’humain, en opposition à l’immortalité presque divine de la figure historique.